La Cour suprême du Royaume-Uni a rejeté l’appel dans l’affaire Skatteforvaltningen (l’administration danoise des douanes et des impôts) contre Solo Capital Partners LLP & Ors. [2023] UKSC 40, confirmant la conclusion de la Cour d’appel selon laquelle la plainte contre la majorité des défendeurs peut aller de l’avant.
J’ai examiné le jugement de première instance ici et celui de la Cour d’appel ici et je ne répéterai pas toutes les questions en litige. Les lecteurs doivent noter que les questions abordées sont d’une plus grande pertinence pour les développements actuels du droit international public et privé (contentieux relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, litiges liés au changement climatique, etc.).
[21] Lord Lloyd-Jones résume les règles Dicey en jeu (et note également que les rédacteurs du 16e D et ceux qui l’ont précédé soulignent les avancées qui ont été faites ces dernières années dans le principe) et [22] il fait une référence délicieusement concise aux points de vue quelque peu différents des États-Unis sur la justification de cette question.
[39] après avoir examiné la jurisprudence, il est jugé que
Le système fiscal danois a sans aucun doute fourni le contexte et l’opportunité de la fraude alléguée, et le fonctionnement de la fraude ne peut être compris qu’à travers un examen de ce système. Il se pourrait bien que lors du procès de cette action, il soit nécessaire d’aborder cette question en détail. Cependant, comme nous l’avons vu [that’s a reference to Dicey as summarised above, GAVC], il n’y a aucune objection à ce que les lois fiscales étrangères soient ainsi reconnues. Étant donné que la présente procédure n’implique pas une demande non satisfaite de paiement d’impôts dus au Danemark, elle échappe au champ d’application de la règle fiscale.
[41] applique Fraus et Nemo Auditur pour rejeter la tentative des appelants de se présenter comme des contribuables
Les appelants cherchent à contourner cette difficulté en présentant néanmoins les demandeurs de remboursement comme des contribuables. Il est dit qu’en présentant des demandes de remboursement de retenue à la source, les demandeurs se sont intégrés au système fiscal danois et sont devenus des contribuables danois. Il est également dit que l’intimé, en payant des « remboursements », les a acceptés dans le système fiscal danois. Il est ajouté qu’en annulant les « remboursements », l’intimé agissait en qualité d’autorité fiscale. Les appelants soutiennent donc que, dans toutes les circonstances, les bénéficiaires des « remboursements » et l’intimé étaient dans une relation de contribuable et d’autorité fiscale. Comme la Cour d’appel l’a souligné (au para 136), cet argument est erroné. Les demandes de « remboursement » reposaient toutes sur le mensonge selon lequel les demandeurs avaient payé des impôts en premier lieu, ce qui, selon les arguments avancés par le défendeur, n’était pas le cas. Cette tentative de présenter les demandeurs comme des contribuables ne peut lier l’intimé à celui de victime de leur fraude et les demandeurs ne peuvent pas profiter de leurs propres actes répréhensibles pour se soumettre à la règle relative aux revenus.
[44] ff discute de l’impact du (commentaire sur) CJUE C-49/12 Sunico, qui a également été discuté par le juge de première instance dans l’affaire en cours et par Szpunar AG et la CJUE dans l’affaire Movic.
[53] ff discute ensuite de la règle de l’autorité souveraine, en examinant essentiellement si la créance est une simple créance monétaire comme treize sur dix, et en faisant référence (via le Dr Mann) à Grotius »actus qui a rege sed ut a quovis alio fiant‘.
[58] encore une fois, la substance se distingue du contexte
Les appelants sont sans aucun doute en mesure de souligner l’exercice antérieur du pouvoir souverain par le Danemark dans l’élaboration de ses lois relatives à l’imposition des dividendes et dans le fonctionnement du système fiscal. Toutefois, cela fournit simplement le contexte des présentes revendications. La substance des réclamations, comme nous l’avons vu, n’implique aucun acte de caractère souverain, aucun exercice ou application d’un droit souverain, ni aucune revendication d’un pouvoir souverain. Au contraire, le défendeur présente simplement des demandes de restitution pour recouvrer les sommes dont il a été victime d’une fraude, une voie ouverte à tout citoyen privé qui a été victime d’une fraude similaire.
Contrairement à la première instance, ni Lugano ni Bruxelles Ia ne figurent de manière substantielle devant la Cour d’appel ou la Cour suprême. C’est dommage, car la manière dont les règles Dicey et similaires dans les États membres actuels de l’UE s’appliquent à Lugano et à Bruxelles n’est pas claire.
Geert.
Droit international privé de l’UE, 3e éd. 2021, paragraphes 2.28 et suivants. (4e édition à paraître en janvier 2024).