Voilà un encart que nous sommes heureux de présenter ici sur notre blog. Le sujet est « la justice ».
Le titre (« C’est la perle des perles », vante Jacqueline Laffont) est sans ambages.
Sachez que le journaliste (présenté sous la signature d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
Les informations divulguées sont donc jugées véridiques.
Wicquinghem, petit village de 300 habitants dans le Pas-de-Calais, à une grosse heure de route de Lille. En 2002, Maxime Louvet a onze ans, un papa mécanicien, une maman secrétaire et des grands-parents dans l’agriculture. À la maison, tout le monde a le nez rivé sur son bulletin de notes : 19, c’est bien, 20 c’est mieux.
« Ma famille a cru en moi… », résume-t-il vingt et un an plus tard, attablé devant une galette de blé noir, avant une audience au tribunal correctionnel de Versailles.
Pari payant. Après avoir été couvé par deux ténors du barreau, Pierre Haïk et Hervé Témime, le trentenaire est aujourd’hui associé à Jacqueline Laffont, l’avocate des grands dossiers politiques, conseil de Nicolas Sarkozy ou d’Alexandre Benalla.
« J’ai eu un bac S, mention très bien, 19 en maths, en physique chimie…, rembobine le jeune avocat, lunettes rondes et costume soigné. Les profs me poussaient vers les prépas scientifiques et les écoles d’ingénieurs. Je me suis inscrit à la fac de droit presque par esprit de contradiction. C’est ensuite devenu un challenge quotidien… »
« Il était de ceux dont on se souvient dans un cours et dont on est certain qu’ils auront une réussite brillante », se remémore Louis de Carbonnières, son ancien professeur d’Histoire du droit et des institutions à l’université de Lille. « Un étudiant attentif, intelligent et passionné. »
Un quiproquo a-t-il changé son destin ?
La suite se fait sans réseau mais peut-être avec un peu de chance. Après avoir obtenu le barreau, il envoie des candidatures par dizaines pour obtenir un stage. Le couple Pierre Haïk et Jacqueline Laffont donne suite. Inespéré. « Je me suis demandé à l’époque si ça n’était pas un quiproquo… Car ils avaient posté une offre de stage sur le site de Sciences Po et par pur hasard, ma candidature était arrivée juste après cette annonce, au cabinet… Même si je ne les pense pas particulièrement élitistes. Jacqueline Laffont laisse beaucoup de place au mérite, au parcours. »
« Dans ce cabinet, nous aimons ce type de profil de gens qui ne doivent rien au hasard, qui ne sont pas pistonnés, abonde François Artuphel (aujourd’hui associé chez Visconti et Grundler), qui lui a fait passer son premier entretien. Des jeunes qui sont là grâce à eux-mêmes. Et très vite, on a compris qu’il était au-dessus du lot… »
Grande discrétion, style chirurgical
De Jacqueline Laffont, on retrouve chez lui le même style chirurgical. « Ça fait partie de l’école Laffont / Haïk, plaide encore Artuphel, longtemps associé dans ce cabinet prestigieux. Jacqueline traque la moindre virgule, chaque déclaration contradictoire est relevée. Il n’a travaillé quasiment qu’avec elle et possède cette grande qualité. Parfois je me moque de lui, car il est aussi capable de ressortir un vieux traité de droit pénal qui prend la poussière… »
Question prioritaire de constitutionnalité (QPC), requête en nullité… Plus c’est ennuyeux pour le commun des mortels, plus il adore. « Plaider une audience sans un point de droit, ça me frustre un peu », confie le jeune homme. Son côté « geek du droit », dit-il, sans vraiment assumer la formule. « Je prépare depuis quelque temps un diplôme universitaire de « Compliance » ; l’éthique en entreprise, pour résumer. Il est important en 2023 d’avoir un maximum de connaissances sur ces sujets pour répondre aux besoins des entreprises. »
Premier dossier aux assises, un viol, et il obtient l’acquittement
Au pays des ténors, l’apprentissage s’est fait sans filet. « Chez Pierre et Jacqueline, c’est lance-toi, débrouille-toi, avec la plus grande bienveillance du monde. Après un an de barreau, on m’a dit « Tu vas seul aux assises »… Mais avec la plus grande bienveillance du monde, toujours. Un dossier de viol, à Pontoise. J’ai obtenu un acquittement. Après, les statistiques ont été moins bonnes… »
Chez le couple star du barreau parisien, le jeune avocat apprend une procédure « plus orale » et une façon de se comporter à l’audience. Un sourire presque en toutes circonstances, des échanges informels avec les magistrats… « Je fonctionne beaucoup par mimétisme. Pierre, Jacqueline, les collaborateurs du cabinet étaient dans le rapport humain tout en gardant une distance. J’ai essayé de reproduire ça. »
Chez Hervé Témime, où il a passé six mois, il s’était plus frotté au pénal des affaires, aux recherches juridiques et plus techniques. Les deux expériences l’ont façonné, et l’on comprend d’autant mieux le choc provoqué par la disparition des mentors, au début de cette année. « Pierre et Hervé sont partis en même temps (le 19 février puis le 10 avril 2023). Je pleure rarement mais ces moments ont été très durs… Ça a secoué beaucoup d’avocats, chez les pénalistes en particulier. Il n’y a pas une journée où l’on ne parle pas d’eux. »
Hommage et reconnaissance éternels. Maxime Louvet travaille aujourd’hui avec ses armes, loin des plaidoiries théâtrales qui ont fait la renommée de ses aînés. « Il est réservé, mais ça fait du bien, dans cette profession de »C’est moi le plus beau », dit encore François Artuphel. C’est un très gros travailleur, qui n’arbitre pas ses efforts selon l’affaire, pour un énorme dossier d’une boîte du Cac 40 ou pour une comparution immédiate. »
Depuis quelques années, le nordiste est monté en première ligne dans les procès importants. Il a intégré l’équipe de défense de l’ancien président Nicolas Sarkozy, que Jacqueline Laffont défend dans l’affaire dite des « écoutes ». Fin 2020, il conseille des milliers de patientes dans l’affaire des prothèses mammaires PIP, et obtient une relaxe en mai 2022 pour le site Vente-privée.com, accusé de pratiques commerciales trompeuses (le parquet a fait appel). Toujours dans le sillage de Jacqueline Laffont, fière d’avoir donné sa chance puis fait grandir ce jeune avocat parti de rien.
« C’est la perle des perles, s’enthousiasme-t-elle. Un juriste hors pair, je lui demande tout le temps son avis. Il a du talent, il est tenace, il a un bel esprit de synthèse. Vraiment, c’est quelqu’un qui va compter… »
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