« Je sais que certains d’entre vous aimeraient assister à d’autres affaires, mais c’est tout pour aujourd’hui ! », lance le président de la 12ᵉ chambre correctionnelle du tribunal de Créteil (Val-de-Marne) avec un sourire en coin. Ce mardi 8 août 2023, le clap de fin est donné à 14h30. Plusieurs personnes âgées venues assister au spectacle judiciaire quittent la salle l’air déçu. 

« Ce n’est pas tous les jours comme ça » 

Une fin d’audience précoce qui s’explique par le peu de dossiers traités. Trois affaires, dont deux reportées, car les deux prévenus ne sont tout simplement pas venus. Une situation qui reste rare, comme l’explique l’huissière de l’audience : « Rien qu’hier nous avons fini vers 22 heures. Ce n’est pas tous les jours comme ça ».

À la toute fin de l’audience, voilà qu’un homme se présente dans la salle. Il est le frère d’un des prévenus absents et explique qu’il est hospitalisé, raison de sa non-présentation devant le juge. Il devait être jugé pour sa participation aux émeutes après la mort de Nahel. L’audience sera renvoyée fin octobre. À la décision du tribunal se joint le bruit strident des perceuses, plusieurs travaux ayant lieu dans la juridiction quasi déserte. 

Le seul dossier traité est ordinaire pour le tribunal du Val-de-Marne : un homme a été contrôlé à l’aéroport d’Orly avec une forte somme d’argent liquide. Entre les billets et la drogue, les comparutions immédiates de Créteil voient défiler des mules la plupart du temps. Les peines sont souvent lourdes. Le prévenu est condamné à plusieurs mois de prison. 

Des affaires de grande envergure pour des audiences relai

Le lendemain, mercredi 9 août 2023, le rythme est bien différent. Les dossiers s’enchaînent jusqu’à 21 heures. La salle est remplie. « L’été reste plus tranquille qu’en période normale, c’est un fait. La 12ᵉ chambre va devenir une chambre « fourre-tout » où de nombreuses audiences relais y sont inscrites », détaille l’un des avocats de permanence. 

Car au milieu des affaires « classiques » dont les faits ont été commis les jours précédents, apparaissent des gros poissons dans le box des accusés. Un homme de moins de trente ans fait son apparition. Il est au cœur d’un gargantuesque dossier d’escroquerie sur les applications de rencontre. Sur le programme du jour, plusieurs centaines de victimes prennent toute la place. Le jeune homme a par ailleurs continué à mener des arnaques… depuis sa cellule dans la prison de Nanterre ! Le but de sa venue : déterminer s’il reste ou non en détention jusqu’à son procès qui se tiendra à l’automne. 

Même chose pour un autre prévenu en survêtement. Dans le box, il tempête : « Fresnes c’est l’horreur, je veux changer de prison ! ». Il est emprisonné après avoir violemment agressé un autre homme avec une arme. À plusieurs reprises, les juges tentent de lui expliquer que ce n’est pas à eux de décider du lieu de détention. 

« Il y a un peu plus de violences conjugales » 

Pour l’avocat de permanence, ce gloubi-boulga d’audiences relais ne change pas le type d’affaires traitées en comparutions immédiates : « Nous avons toujours un grand nombre de dossiers de transport de stupéfiants. Il y a peut-être un peu plus d’affaires de violences conjugales… ». 

Le tribunal aura à en traiter une ce jeudi. Un homme de 27 ans qui, dans un mystérieux accès de folie, a menacé sa compagne pendant trois heures avec une machette de cuisine. D’une voix très lente, le prévenu explique qu’il essayait de se sevrer d’une lourde consommation de cannabis (plus de 10 joints par jour). Peu enclin à la sympathie, le président de la chambre n’hésite pas à tenir de durs propos à l’intéressé : « Vous avez fait des études et vous ne travaillez pas. Vous êtes feignant ! ». 

Deux femmes jugées pour transport de drogue

Lors de cette journée, deux femmes sont jugées pour des faits de transports de stupéfiants. La première est une jeune femme originaire de Guyane. Enceinte de quatre mois, elle s’est introduit dans l’anus plusieurs sachets de cocaïne. Quant à la seconde, il s’agit d’une jeune femme sans histoire ayant contacté des narcotrafiquants pour faire passer de la drogue. Elle est contrôlée avec 10 kg de cocaïne. L’affaire détonne, la peine est lourde. Elle est condamnée à deux ans d’emprisonnement. 

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