« Je ne suis pas violent. Si les enfants méritent une fessée, je leur mets une fessée. Mon père, lui, me battait pour le plaisir. Moi, c’est juste pour leur donner une éducation. » La nuance est ténue, le ton est donné. Manifestement dur de la feuille (inlassablement il fait répéter les questions aux juges), le Montbéliardais de naissance l’est aussi dans sa manière de fonctionner. Avec lui, il faut que cela file droit. En mai 2020, il avait écopé de deux ans de prison pour des violences sur sa compagne. La raison ? Il avait envie de frites et madame ne s’exécutait pas assez vite.

Il a purgé sa peine derrière les barreaux puis le couple s’est remis ensemble. « Elle est venue me chercher », dit-il. Elle l’a trouvé. Depuis, l’homme ferait vivre un enfer à la dame et aux deux enfants qui vivent sous son toit. C’est d’ailleurs la fillette de 10 ans qui a prévenu les gendarmes d’un nouvel épisode de violence. « Je monte vite en température », concède l’intéressé, en ce mardi après-midi devant le tribunal de Montbéliard où il est jugé en comparution immédiate. Une température qui grimpe encore lorsqu’il boit. « La goutte d’eau, c’est le verre de blanc d’Alsace qu’il a bu », image M^e Guichard, son avocat. De quoi faire déborder le vase.

« Je suis sur les nerfs. Mon cerveau est tout chamboulé », reprend le prévenu. Il mégote. La gifle assénée à sa compagne ? Il ne se souvient plus, lâchant juste : « On s’est chamaillé. » Les crachats sur les deux enfants ? « Quand je suis énervé, au lieu d’avoir une réaction bête et de taper, je crache par terre. Mais je ne visais pas les enfants. »

« Elle fricote dans mon dos »

En pleine phase de victimisation, le quadragénaire tente de justifier ses débordements. D’abord, il parle de sa compagne comme « d’une boîte à insultes ». Elle lui dirait des mots blessants. « Et puis elle fricotait dans mon dos avec un gendarme », prolonge-t-il, tentant ainsi d’expliquer pourquoi il a menacé et outragé un autre gendarme venu l’interpeller.

L’enfant de 3 ans balance des jouets de sa dînette pour protéger sa maman

M^e Aytap, l’avocate de la partie civile, retient une image. « Celle de ce petit garçon de 3 ans qui balance les fruits et les légumes de sa dînette pour tenter de protéger sa maman. » Dans le même registre, Stéphanie Rival, la procureur, déplore le climat de violences dans lequel baignent les enfants. Déjà deux fois condamné pour des violences conjugales à l’égard de la même victime, la représentante du ministère public indique au récidiviste qu’il encourt dix ans de prison. Elle n’en requiert finalement que quatre.

Une 14^e condamnation

« Encore un drame familial », souffle M^e Guichard. L’avocat évoque le passé de son client, les coups de ceinture infligés par le père de ce dernier : « En lui est imprégnée une image de violence et de souffrance. » D’où une plaidoirie allant dans le sens d’un suivi, d’un accompagnement. Le tribunal a surtout retenu la réitération, estimant que le temps était venu de stopper la spirale infernale. L’homme aux treize condamnations hérite d’une 14^e, avec trois ans de prison et maintien en détention.

Un numéro d’appel national, le 3919, est dédié à l‘écoute et à l’orientation des femmes victimes de violences. Appel gratuit et anonyme, service accessible 24h/24 et 7 jours sur 7.